Interview de Christian Paul
Avec de bons résultats aussi bien à l’Assemblée Nationale qu’en presse et sur les réseaux sociaux, vous êtes, selon notre classement, le Député le plus influent de la législature. Comment utilisez-vous la complémentarité entre ces trois canaux pour peser sur les décisions politiques ?
Ma première réaction a été d’interroger votre méthode d’évaluation…Ce qu’elle semble confirmer, c’est que le travail parlementaire de fond doit s’accompagner d’une information permanente via tous les médias, sans en privilégier un seul, et sans en oublier un seul. Les médias s’additionnent, même sans grands moyens, mais avec l’enthousiasme d’une équipe, et beaucoup d’engagement.
Dans quelle mesure pensez-vous que cette influence a permis de faciliter l’émergence des Frondeurs dans la politique française ?
Peut-être est-ce, au contraire, la transgression qui permet d’être entendu. Ce que vous appelez fronde, je le nomme émancipation parlementaire. C’est une initiative – sans précédent sous la Vème République – qui n’eut rien d’individuelle. Des dizaines de députés ont considéré en conscience qu’ils devaient s’exprimer pour exiger le respect des engagements pris par la gauche et éviter une catastrophe politique en 2017. Notre souhait était que soit établi un véritable contrat de majorité. L’exécutif l’a refusé. Vous connaissez la suite ! Devant l’absence d’un dialogue normal en démocratie, nous avons dû utilisé la méthode des lanceurs d’alerte, l’interpellation hors des cadres habituels, avec une disponibilité permanente. Les médias sociaux, les chaines d’infos rééquilibrent les forces en présence.
Comment pensez-vous conserver ce niveau d’influence après les élections d’avril et de juin ?
La fin justifie les moyens. Une stratégie de communication n’a de sens que pour servir des causes justes. Elles sont le moteur et le carburant de l’influence. Elles n’ont pas manqué depuis 2012. Après les élections, quel qu’en soit le résultat, nous aurons à imaginer et à agir : pour penser l’avenir du travail, reconstruire l’Europe dans un monde chaotique, réinventer la gauche française. Il faudra plus que de l’influence : des collectifs inspirés, et une parole publique forte. « Des formes nouvelles, sinon rien », disait Tchekhov.
Interview réalisée en février 2017